La mort n’a plus de patience

Nous avons quitté la Roumanie il y a 19 ans. Nous étions très jeunes, nous n’avions que 26 ans. La peur de l’inconnu, les inquiétudes, les questions étaient toutes présentes, mais la mort était loin, très loin encore. Nous ne sentions pas encore sa froide respiration à l’arrière du cou. La vie, par contre, était toute là, c’était elle qui avait besoin d’espace, de tout l’espace: émigrer dans un pays étranger sur un autre continent, élever les enfants, faire des études, ensuite travailler…Nul temps pour penser à la mort. Bien sûr, l’idée de la mort faisait son chemin dans nos têtes, de temps en temps, perverse, surtout lors des insomnies nocturnes. Le matin, toutefois, l’action réussissait toujours à nous la faire oublier. Car si on n’y pense pas, on peut s’y éloigner. Mais la mort … eh bien, la mort a de la patience.
Peu à peu, elle s’est fait un chemin vers nos cœurs et nos têtes et à un moment donné elle est arrivée tout simplement dans nos vies. Sans y être invitée, ni même attendue.

«Elle est morte …» Deux mots à côté d’un prénom bien connu et soudain, la joie déserte votre âme, votre cœur se serre dans un spasme douloureux. Vous sentez le souffle froid de la mort, plus proche que jamais. Vous essayez de continuer à vivre votre vie aussi normalement que possible, même si vous savez bien que maintenant … eh bien, maintenant, la mort n’a plus de patience.

Moartea nu mai are răbdare.

Am plecat din Romania acum 19 ani. Eram infiorator de tinara, la cei numai 26 de ani. Frica de necunoscut, grijile, intrebarile, erau toate prezente, moartea insa, era undeva foarte departe. Nu ii simteam inca rasuflarea rece in ceafa, era mult in urma noastra. Viata acapara totul, viata era cea care avea nevoie de spatiu, si il reclama fara retineri: emigrarea intr-o tara straina, pe un alt continent, copiii, studiile, mai apoi job-urile…Cine sa mai aibe timp sa se gindeasca la moarte? Desigur, gindul la ea se strecura din cind in cind, pervers, mai ales in noptile daruite cu insomnii. Dimineata insa, actiunea reusea mereu sa alunge gindul mortii. Daca nu te gindesti la moarte, reusesti sa o tii departe. Insa moartea…ei bine, moartea avea rabdare, ca sa parafrazez un mare scriitor.
De ceva vreme insa, Marea Doamna a inceput sa iuteasca pasul, sa ne ajunga din urma, pe nesimtite, pe nestiute.
« A murit… » Doua cuvinte alaturate unui nume bine stiut si deodata pustiul isi face loc in sufletul tau, inima se stringe si se ghemuieste intr-un spasm dureros. Simti suflul rece al mortii mai aproape ca oricind. Incerci sa iti continui ziua cit de bine poti, sa mentii normalitatea, sa continui, desi stii bine ca de acum…ei bine, de acum moartea nu mai are rabdare.

Odihneste-te in pace, ta’Mariana!