I remember one morning…
getting up at dawn…
there was such a sense of possibility!
You know? That feeling?
And… and I remember thinking to myself:
‘So this is the beginning of happiness…’
‘This is where it starts!’
‘And, of course, there’ll always be more.’
Never occurred to me
it wasn’t the beginning,
It was happiness.
It was the moment…
― Virginia Woolf
C’était un matin d’automne , en Roumanie, je sirotais un café sur une terrasse de Copou,un joli quartier de Iassy . Je commençais mes études universitaires, j’étais très jeune, je n’avais pas 19 ans. Je venais d’arriver dans la ville, j’étais heureuse, j’avais gagné ma place, j’étais enfin libre, j’étais prête … J’étais prête pour le bonheur. Oui, je m’en souviens encore comme si c’était hier: le sentiment que tout était possible, que le bonheur était à ma portée … qu’il suffisait que je tende la main pour le toucher…Les anciens Grecs disaient que nous ne vivons jamais dans la dimension du présent, parce que nous vivons soit dans la nostalgie du passé, soit dans l’espoir du futur. Comme Ulysse, durant ses 20 ans d’errance, nostalgique après son Itaca, espérant le revoir un jour, oublie de vivre dans le présent. Ce n’est que lorsqu’il retrouve la fidéle Penelopa, que le bonheur redevienne possible pour lui et le temps s’étire puisque la joie des retrouvailles est trop forte pour que le passé ou le présent ait de l’importance.
C’est précisément ce qui m’est arrivé ce matin-là, à la veille de mes 19 ans: j’ai réussi à ressentir le bonheur absolu de l’instant présent, sans qu’il soit troublé par les regrets et la nostalgie du passé, ou par les espoirs et les angoisses du futur. Je peux dire que j’ai eu la chance de vivre un instant de pure bonheur. Je n’étais pas consciente de ce qui était en train de se passer. La révélation, je l’ai eue des années plus tard, en lisant Virginia Woolf. Ce moment précis du passé m’est venu à l’esprit sans effort, spontanément, naturellement, comme s’il était programmé. … Pour que je me souvienne que cet instant-là… C’ÉTAIT LE BONHEUR ! J’aurais dû pleurer alors, et crier, supplier, comme Faust … “Arrête, tu es si beau!” Ou peut-être pas…